Durant les deux mois passés à Feldon Forest Farm, au mois d'août et au mois de septembre de cette année, j'ai passé beaucoup de temps dans le jardin, en compagnie de Gillian.
Le désherbage a été une des principales occupations, mais aussi la récolte de semences et bien entendu la récole des légumes.
Bien que ma maman a depuis toujours un grand jardin potager, je dois avouer que je n'y ai passé que peu de temps durant mon enfance et mon adolescence. J'ai juste le souvenir d'être allée de temps en temps y chercher des légumes, et d'avoir planté quelques herbes aromatiques. Désolée maman de ne pas être venue plus souvent t'aider à désherber…
Plus tard, lorsqu'avec ma moitié nous avons loué une maison avec un petit jardin, j'ai essayé de me consacrer à ces 3-4 carreaux de terre et d'y cultiver de quoi nous sustenter, mais je dois avouer que cela n'a pas été une grande réussite; attaque de limaces, courgettes qui disparaissent avant d'avoir commencé à grandir… Une des raisons de ce manque de réussite était sans doute le peu de temps que je consacrais au jardin.
En travaillant régulièrement avec Gill, je me suis plongée dans un petit monde végétal; j'ai découvert les joies du désherbage "longue durée" et mon manque d'endurance en la matière, j'ai observé les nombreuses coccinelles et j'ai éprouvé un petit bonheur à chaque fois que je voyais une mini-grenouille s'en aller en sautant lorsqu'elle comprenait qu'il y avait un intrus (moi) dans le périmètre.
J'ai aussi apprécié les moments de récolte des légumes: la surprise de découvrir une immense courgette qui était passée inaperçue les jours précédents, la diversité de couleurs et de formes des tomates, la bonne odeur des feuilles de basilic...
J'ai aussi découvert le plaisir de travailler dans un tunnel plastique!! Oui oui, même si dit comme ça, le nom n'évoque rien de particulièrement charmant ou plaisant, le jardinage dans un tunnel plastique c'est une bonne expérience!
Tout d'abord, je crois sincèrement que c'est un bon rempart à mollusques. Exit les limaces!
Mais surtout, quand on entre dans le tunnel, on a l'impression d'entrer dans un monde végétal protégé des agressions extérieures, tout en étant quand même en plein air. On entend le bruit du vent, mais on est à l'abri. On entend le plic-ploc des gouttes de pluie, mais on reste au sec. Et il y a du vert partout, des plantes qui poussent car on les a semées, et d'autres qui poussent car elles se sont semées toutes seules. Et il y a des insectes, tout un tas de coccinelles, des araignées. Et il y a des petites grenouilles brunes qui partent vite se cacher sous les feuilles…
Bien sûr, l'avantage de la chaleur procurée par cet abri peut aussi se transformer en désavantage lorsqu'il fait très chaud. Et du coup, il faut arroser très régulièrement. A Feldon Forest Farm, il n'y a pas d'arrosage automatique, du coup, le rituel de fin de journée, c'est l'arrosage des légumes dans les tunnels. Cela se transforme en petite tournée d'inspection, et c'est là que je retrouvais presque à coup sûr les petites grenouilles dans les plants de tomates.
Une des activités de Gill est donc la production de légumes (principalement, mais il y a aussi des petits fruits rouges) pour la vente directe et la consommation personnelle. Une autre activité importante est la production de semences.
Durant les deux mois passés à Feldon Forest Farm. j'ai ainsi pu récolter des graines de haricots, de petits pois, de tomates, de laitues, de coriandre, de ciboulette…
Gillian cultive 18 sortes de haricots! Là aussi, j'ai découvert tout un monde de graines, aux formes, aux couleurs et aux motifs variés, parfois tellement jolies qu'on dirait qu'elles sont peintes.
ciboulette
coriandre
laitue
Certains types de semences sont faciles à obtenir (pour les haricots, il faut laisser sécher le haricot sur la plante et à ce moment-là la graine est prête, la gousse s'ouvre très facilement), d'autres demandent plus de travail (les semences de laitues et leur petit duvet blanc qu'il faut ôter en frottant les graines puis en soufflant délicatement pour que le duvet s'envole et que la graine reste dans l'assiette).
Gill est bénévole à Ryton Organic Gardens (un lieu ouvert au public, pas très loin de Coventry), à la Heritage Seed Library. En résumé, c'est plus ou moins l'équivalent de Pro Specie Rara, mais uniquement pour les plantes.
Je l'ai accompagnée plusieurs fois et nous avons (entre autres) préparé une quantité impressionnante de semences de tomates (en fin de compte, il n'y en avait pas tant que ça mais vu le travail que cela demande…)
Pour préparer les semences de tomates, il faut tout d'abord les couper en deux et extraire les graines. Puis il faut frotter les graines contre le tamis pour séparer l'enveloppe gélatineuse de la graine, tout en les passant sous l'eau pour faciliter le travail. Ensuite il faut les mettre dans un bocal rempli d'eau durant plusieurs jours, dans le but d'éliminer complètement l'enveloppe gélatineuse qui empêche la germination.
Cette immersion dans le monde du jardin et des semences m'a permis de développer un intérêt pour la production de légumes et de semences, et pour la multitude de variétés de plantes qui existent, pour autant qu'on se fournisse ailleurs que dans les grandes jardineries de supermarchés…
Cela m'a également rappelé que le jardinage, ce n'est pas quelque chose qui se fait au petit bonheur la chance, et que la réussite ou l'échec des cultures peut être influencée par des facteurs extérieurs tels que la météo ou les ravageurs, mais que cela tient surtout au travail du jardinier!