lundi 23 novembre 2015

La Coudre / un dîner à la campagne


Au mois d'août, j'ai retrouvé des membres de ma famille et des amis dans cet endroit au au pied du Jura et au-dessus du lac de Neuchâtel, pas très loin d'Yverdon: le domaine de La Coudre à Bonvillars.

J'avais très envie de découvrir cet endroit et j'ai proposé à ceux qui le voulaient de se joindre à moi pour un repas concocté par le couple qui s'occupe du domaine, Frank Siffert et Annie Ryter. 
Mon attention avait été attirée par cet endroit il y a quelques années, lorsque j'avais regardé la magnifique émission "Passe-moi les Jumelles" qui leur avait été consacrée
D'ailleurs, Frank Siffert dit une chose dans cette émission qui m'avait marquée et qui a sans doute influencé ma décision de commencer une nouvelle formation: "Moi je peux m'arrêter quand je veux. Ce qui m'intéresse ici, c'est de construire. Une fois que tout le monde y est bien, ce sera peut-être de partir". Je crois que c'est en l'entendant dire cela que j'ai réalisé qu'il n'y a pas d'obligation de rester où que ce soit, que l'on peut choisir d'arrêter une activité au moment qui nous semble le bon, pour se consacrer à autre chose.



A La Coudre, sous un ciel qui faisait plus penser à l'automne qu'à l'été, nous avons commencé par une visite d'une partie du domaine: les porcs laineux, le verger haute-tige et ses variétés anciennes, les plantes aromatiques, les fleurs, le potager, le poulailler,...







A La Coudre, les animaux sont des races Pro Specie Rara, de même que le verger, les petits fruits et les légumes.


Les escargots par contre, je ne sais pas s'ils sont Pro Specie Rara ;-)



Le bâtiment est magnifique, de même que les jardins qui ont conservé les petites haies de buis. C'est un endroit hors du temps...



Franck Siffert produit également du vin en biodynamie.



Après la visite de l'extérieur et de la cave du domaine, nous sommes passés à l'intérieur. En haut de l'escalier, posés sur un plateau, de petites bouchées colorées nous donnaient un aperçu de la suite...


Nous avons pris l'apéritif dans la bibliothèque de la maison. Un régal pour les yeux et les papilles… Le tout réalisé avec des produits du domaine.


Tout est beau, jusque dans les détails.




Franck Siffert est un promoteur de la truffe. Mais attention, pas la truffe blanche d'Alba ou la truffe noire du Périgord, non: il s'agit de la truffe "suisse", tuber uncinatum. Je l'ignorais jusqu'à cette visite, on trouve de la truffe en Suisse, apparemment il est même possible de planter des arbres "mycorhizés" pour essayer d'en "cultiver".

gazacho avec différentes tomates du jardin

les pâtes sont faites maisons



saucisson de porc laineux (pas ceux de la photo plus haut mais peut-être leurs grands frères ;-) à la truffe, un délice!




Honte sur moi, je n'ai pas noté l'intitulé des plats durant le repas, et maintenant, 3 mois plus tard, ma mémoire défaillante me joue des tours… ce qui est certain, c'est que tout était délicieux, joliment présenté, chaque plat accompagné d'un vin de la région, avec les informations et commentaires de Frank Siffert et Annie Ryter pour agrémenter le tout, de manière drôle et ludique mais en toute discrétion, si bien qu'on a eu l'impression de passer un après-midi entre amis, dans l'intimité d'une maison dans laquelle on se sentait presque chez soi.

Si vous voulez en savoir plus si le domaine de La Coudre ou sur les gens qui le font vivre, vous pouvez, en plus du "Passe-moi les Jumelles" mentionné plus haut, regarder cet épisode du "Dîner à la Ferme" ou écouter cette émission radio qui parle des changements de vie: "Les audacieux". Mais la meilleure façon de faire la connaissance de ce bel endroit, c'est d'y aller!

dimanche 15 novembre 2015

Quand un paysan se fait traiter de paysan

Voici un petit texte que j'ai écrit il y a plusieurs semaines déjà, finalement je me décide à le publier ici ;-)


Le psycho-test du mardi:

Vous roulez à bord de votre Audi flambant neuve, dans une localité où la vitesse est limitée à 50 kilomètres heures. Tiens, une vache et deux paysans (un devant, un derrière) (bon, en fait UNE devant et un derrière) sur la route…

a. Vous freinez immédiatement, enclenchez vos feux de panne et ne bougez pas jusqu'à ce que la vache ait disparu de votre champ de vision.
b. Vous continuez à rouler à la même vitesse, ben quoi, la vache n'occupe pas toute la route…
c. Vous ralentissez, vous passez à côté de la vache à la vitesse du pas, prêt à stopper complètement si nécessaire.



Une des choses, quand il faut gérer des animaux et que la ferme se trouve au bord d'une route, c'est qu'il y a souvent une confrontation animaux/automobilistes.

 En principe, c'est une confrontation voulue par le paysan, quand il s'agit de déplacer les animaux d'un point a à un point b. Parfois, il peut arriver que ce ne soit pas voulu, mettons que quelqu'un n'a pas fermé correctement une barrière (moi), ou que quelqu'un n'a pas mis les fils du parc de manière à ce que le courant électrique soit efficace et empêche les veaux de sortir (moi aussi). Dans ces cas-là, on prie pour qu'il n'y ait pas de casse (animal contre pare-brise par exemple) et on essaie de rétablir la situation le plus vite possible. 

Dans le cas où le déplacement est prévu, on essaie de faire au mieux. Une personne devant, une personne derrière, ça c'est le principal. Le triangle "attention vache" vers la ferme, c'est encore mieux. Et les jours de brouillard, un drapeau rouge pour attirer l'attention en tête du cortège. 

Et c'est là que la psychologie de l'automobiliste entre en jeux. 

La plupart des conducteurs répondraient petit c au psycho-test et c'est très bien. 

Un automobiliste sur vingt répondrait petit a et on ne va pas le critiquer, c'est bien d'être prudent, mieux vaut prévenir que guérir. 

Mais il faut bien qu'entre en scène l'automobiliste qu'on aurait préféré ne pas croiser car c'est lui qui gâche notre fin de journée, remarquez, j'ai utilisé le masculin car en général c'est un homme (tieeeeeeens donc)… et lui il a coché petit b au psycho-test. 

Lui, c'est le roi de la route, une fois qu'il est à bord de son Audi il se sent seul au monde et en même temps au-dessus de tous (tiens, il faudra que je lui demande comment il fait pour gérer ces deux états en même temps). Y a pas intérêt qu'un seul petit intrus se permette de lui barrer le chemin, il lui fera comprendre que ses quatre pneus et sa carrosserie sont en fait son costume de super-héros qui fonce sur le bitume… Mais manque de chance, si la vache décide de se confronter à la carrosserie du super-héros, en général les super-pouvoirs du gars disparaissent et il se met à faire son caca nerveux en parlant d'assurance et de remboursement, il y a quelque chose que je ne comprends pas dans la gestion du stress du super-héros. Bref.

Bon, aujourd'hui, on a eu de la chance, la vache est restée calme sur la route; le gars est passé sans ralentir, puis il a quand même freiné pour éviter d'écraser mon père qui gesticulait, il lui a transmis cette observation pleine de bon sens ("ben quoi j'ai vu qu'il y a une vache sur la route") et il est parti en traitant mon père de paysan (une remarque là aussi pleine de bon sens, vous en conviendrez). Bon, comme c'est mon papa et que c'est lui mon super-héros, vous comprendrez bien que je ne puisse même pas concevoir qu'il lui ait répondu avec un ou deux petits mots doux...

vendredi 6 novembre 2015

Balade gourmande aux couleurs de l'automne

Si j'ai changé de région (et encore, on parle de changement de région au niveau d'un petit pays, les temps de parcours restent raisonnables!), je désire garder le contact avec mes anciennes collègues et amies. Pour cela, et également pour les remercier des chouettes cadeaux reçus pour mon départ (je n'ai pas encore utilisé la graisse à traire, mais les gants ont été mis à forte contribution… et les chaussettes en laine, aaah quelle chaleur quand la bise souffle!), je les ai invitées à venir découvrir mon petit coin de campagne.

Pour moi, les rencontres conviviales sont forcément associées à la nourriture. C'est en préparant des petits plats ou des gâteaux que je montre mon affection :-)

Mais je n'aime pas toujours rester assise à manger et à discuter tout l'après-midi. Enfin! Cela dépend tout du moment, des gens présents, de la dynamique… parfois, la conversation peut devenir passionnante et l'on passe un très bon moment. Mais parfois, on s'ennuie un peu, non? Enfin, bref, moi je suis assez adepte du trio marcher+discuter+manger. Je trouve que cela donne une dynamique différente, parfois des personnes qui se connaissent mal se retrouvent à marcher côte à côte et entament une discussion, plus naturellement que si elles avaient été assises autour d'une table.


J'ai donc emmené mes collègues dans les bois, dans les prés et sur les sentiers autour de mon village. Nous sommes heureusement passées entre les gouttes et la forêt nous a gratifié de ses belles couleurs d'automne.

J'avais préparé trois haltes (en allant cacher les différentes choses auparavant) avec à chaque fois quelque chose à boire et à manger.

Lors de la première halte (spéciale dédicace pour toi Micheline ;-), un gâteau dont j'ai découvert la recette il y a peu, testé déjà plusieurs fois et adopté pour sa texture, son bon goût et la simplicité de sa réalisation: le gâteau au lait chaud. En fonction de ce que je n'avais pas dans l'armoire, je l'ai modifié en utilisant du sucre complet au lieu du sucre blanc (ce qui donne un petit goût caramélisé) et pour la garniture, j'ai remplacé les noix de cajou et la noix de coco par des noix du verger.

Pour la seconde halte, des pommes en cage, une recette toute simple mais délicieuse: il suffit de faire une pâte brisée (et ne me parlez pas de l'acheter au magasin s'il-vous-plait, c'est tellement simple à faire et ainsi vous êtes certains qu'il n'y aura pas d'huile de palme dedans (oui, achetez du beurre, et du suisse bien sûr, les paysans vous remercient); une fois abaissée, découper des bandes, les disposer en croix, placer la pomme pelée et évidée au centre de la croix, remonter les bandes et les pincer au sommet de la pomme. Dorer au jaune d'oeuf avant de cuire dans le four chaud. C'est une recette tirée de la bible de la cuisine suisse romande (et non, ce n'est pas le Croqu'menus): le livre "Recettes culinaires et hygiène alimentaire" de l'école ménagère du canton de Neuchâtel.


Pour le troisième arrêt, cette fois je n'avais pas cuisiné mais acheté des fromages fabriqués dans la laiterie de Châtonnaye, où nous coulons le lait des vaches: du gruyère, du sanglé des roches et de la tomme maison au poivre vert, accompagnés par du pain au levain du boulanger de Romont, Dubey-Grandjean.


Mes collègues m'ont fait la surprise d'une petite oeuvre de land art au retour :-)

Comme ce jour-là j'étais bien occupée, j'ai pris peu de photos. Je suis retournée faire un bout de la balade le dimanche suivant; le soleil était plus présent. Je ne résiste pas au plaisir de partager quelques images de ce bel après-midi...








Bäri, le chien de mes parents; je sais pourquoi les gens ont des chiens: ils sont toujours contents de nous voir! Le matin à 6 heures, c'est Bäri qui m'accueille quand je vais à l'écurie, il me donne de la motivation pour finir de me réveiller et bien entamer la journée!


fusain d'automne



Si on regarde où on met les pieds, on remarque souvent des toiles d'araignées tissées dans l'herbe. Quand en plus elles sont parsemées de gouttes de rosée, elles deviennent de véritables oeuvres d'art.



Les blés en train de lever.



L'arbre que je préfère dans le verger derrière la maison: un cognassier. Il n'est pas très grand mais chargé de fruit. 


Profitez bien de ce bel automne!